Les premiers sauts à PAU (Mémoires de Bernard Coqueblin et René Leroy)

En 1961, sous l’impulsion du capitaine BONGEOT*, patron de l’Instruction Parachutiste, appuyé par le chef d’escadrons du PUY-MONTBRUN, commandant en second, le colonel BROTHIER, commandant la Base École des Troupes Aéroportées (BETAP), autorise l’expérimentation du saut en commandé avec sac et arme. Les premiers sauts débutent au mois de septembre.

Photo 1 : Le 27 septembre 1961, avant un saut à 2500 m**, le lieutenant AUZEMERY (à gauche) et l’adjudant LEROY (au centre) répètent au sol devant le capitaine BONGEOT. Les chuteurs sont ici équipés de la musette TAP chargée à environ 20 kilos et du PM Mat 49 fixé sous (derrière) le parachute ventral. Un troisième équipier se prépare en gaine EL4 (à droite). 

Dans le courant du mois, la façon de s’équiper avec l’armement et la technique d’arrimage du matériel ont été mises au point par le lieutenant ORHON de l’Instruction Parachutiste, lequel serait à l’origine du projet. Au cours de l’expérimentation, les sauts se font à différentes hauteurs et de plus en plus haut, avec un armement diversifié et avec une charge augmentée grâce à l’adaptation de la gaine EL4. Ils sont effectués par des moniteurs sélectionnés pour leur haute technicité, presque tous membres de l’équipe de compétition de l’École, voire de l’équipe de France de parachutisme militaire, ce qui permet aux essais de progresser rapidement dans tous les domaines, y compris le posé groupés après un saut à haute altitude. Les moyens aériens dont dispose la BETAP et l’expérience des chuteurs autorisent des sauts à 4000 m et plus dès le mois d’octobre.

En 1962, le succès de l’expérimentation et l’intérêt que suscite cette nouvelle technique, amènent le commandant de l’École à inscrire le saut d’équipe avec sac et arme au programme des démonstrations faites aux autorités en visite.

La démonstration la plus importante et déterminante pour la suite a lieu le 28 octobre 1963 lors de la visite du CEMA, le général AILLERET accompagné de son homologue allemand, le général FOERTSCH. Le lendemain, la presse se fait l’écho de leur vif enthousiasme pour les sauts qui leur ont été présentés.

Photo 2 : Démonstration en EFA 656 "civil" à la voile blanche et rouge, le parachute des compétiteurs de l’époque, bien plus manœuvrable que le TAP 691 alors en service pour les SOCR.

A partir de 1965, certains de ces moniteurs « chutops » encadreront les premiers stages de Sauts Opérationnels à Haute Altitude (SOHA), renommés plus-tard SOGH, mais d'autres ne seront jamais qualifiés chuteurs opérationnels, notamment du fait des mutations. La façon de s’équiper, développée par le lieutenant ORHON quatre ans plus tôt, restera enseignée de nombreuses années.

Outre le capitaine BONGEOT, ont participé à l’expérimentation de 1961 : Le lieutenant AUZEMERY, le lieutenant ORHON, l’adjudant BACHELET, l’adjudant LEROY, le maréchal des logis-chef CHEVEREAU, le sergent-chef COQUEBLIN et le sergent-chef MADELRIEU...

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* Julien BONGEOT (1923-1994) était un ancien SAS. Comme Déodat du PUY-MONTBRUN, il fut breveté et formé en Angleterre. Parachuté en France et en Hollande pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut notamment commandant d’unité au 5° BCP en Indochine (grièvement blessé), puis au 9° RCP en Algérie et termina sa carrière commandant en second du 1er RCP à Pau-Idron. Figure charismatique, il était aussi un as et un aventurier du saut en parachute, détenant en cela un record personnel de chute libre de 3000 m en 1 minute en 1951, puis dirigea l’équipe de 10 parachutistes qui sauta au Bourget de 7100 m sans inhalateur en 1955, année où il effectua aussi son 1000e saut. En 1969, pour son initiative, la conduite et la réussite de l’expérimentation de 1961 ainsi que le succès des démonstrations qu’il organisa et effectua avant le premier stage, il lui fut attribué le brevet de chuteur opérationnel à titre honorifique.		Photo 3

** SOR41, soit une chute de 41 secondes d’une hauteur de 2500 m. 

Crédits photos : 

1. Major René LEROY (1931-2021),

2. École des Troupes Aéroportées

3. Louis BACHOUE (journal Sud Ouest, janvier 1963)